Arrivée dans l'ecole

Haroeris venait enfin de trouver le lieu qu'il avait tant cherché et où, il l'espérait, il pourrait trouver réponses à ses questions.
Devant lui une immense grille en fer forgé se dressait, portail vers l'espoir d'un avenir meilleur.
Celle-ci s'ouvrit, sans un bruit, et Haroeris fit son premier pas à l'intérieur des murs extérieurs de l'école.
Rapidement et silencieusement il avança vers l'imposant bâtiment.

La nuit commençait à tomber, il eut du mal à distinguer clairement le parc qu'il traversait. L'antique bâtisse semblait grossir au fur et à mesure qu'il s'en rapprochait et finalement il arriva devant la porte massive de l'école.
Par trois fois il frappa de la lourde main en bronze, produisant à chaque fois un bruit sourd semblant se répercuter dans les entrailles du bâtiment.
La porte s'ouvrit alors et il pénétra dans le couloir d'accueil.

Pas âme qui vive...
Une inquiétude gagna Haroeris : avait-il fait le bon choix en venant ici ?

D'une voix hésitante, il interpela l'obscurité.

Euu Bonjour... y a-t-il quelqu'un ?

La main de la grande porte d'Héméra avait un avantage ineffable : on l'entendait. Par conséquent, elle remplissait parfaitement son rôle, son but étant qu'on l'entende.

Inéluctablement, Koen (1), se trouvant au rez-de-chaussée, l'entendit. Et comme il n'était pas d'une nature à fuir le monde, il se dirigea au son et se retrouva dans le couloir principal. Il se dirigeait plus à tâtons et par sa connaissance du château qu'autre chose, car la pénombre régnait et le jeune lycanthrope était loin d'être nyctalope - en ce moment du moins.

La porte s'ouvrit et une silhouette élancée se découpa à contre-jour dans son embrasure. Cette vision ne dura guère et la lourde porte se referma en silence. Silence qui fut rompu par une voix que Koen associa fort logiquement à la silhouette. Il répondit doucement.

"Il y a toujours quelqu'un. Comment pourrait-on être seul lorsque Sa présence veille sur nous constamment, silencieuse et bienfaisante?"

Toujours à tâtons, le néerlandais chercha l'interrupteur. Sa connaissance du château avait été quelque peu mise à mal par ces longues semaines de maladie, mais il finit par sentir l'objet sous ses doigts et le pressa.

(1) Prononcer Coune !

Haroeris entendit des pas se rapprocher de lui, quelqu'un venait.
Prêt à tout, ses muscles se bandèrent, prêt à bondir.

Une voix douce se fit entendre et la lumière s'alluma soudain.

Devant lui se tenait un jeune garçon aux cheveux blonds en bataille.
Très maigre, celui-ci semblait s'être réveillé à l'instant.

Son regard franc était bienveillant ; il n'y avait apparemment pas de danger.
Haroeris avait perdu confiance envers ses semblables, gagné par le sentiment d'être traqué en permanence, il devait réapprendre à faire confiance.
Il lui répondit chaleureusement.

Salutations, je suis désolé de m'imposer si tard en cette demeure, je me nomme Haroeris, j'ai fait un long voyage pour venir en ces lieux.
Je recherche l'école d'Hemera, suis-je arrivé à bon port ?

La rumeur dit qu'elle donne refuge à tous les étudiants de bonne volonté.
On dit aussi qu'il n'existe aucun préjugé sur...la nature de ses membres.
Je souhaite ardemment y entrer, peut-être pourrez-vous me renseigner.

La lumière révéla un jeune homme tendu et aux aguets. Elle sembla aussi l'apaiser car il se détendit presque aussitôt. Que de méfiance en ce monde...

Koen s'avança en faisant un calme salut de la main. Le nouvel arrivant avait les traits lisses, de longs cheveux noirs et raides lui arrivant aux hanches. Sa démarche souple et la façon dont il s'était mis aux aguets laissait penser qu'il s'agissait d'un homme entraîné aux techniques du combat.

"Bonsoir ! Moi je m'appelle Koen Vanbegrafeniszondernemers. Koen c'est mon prénom et ça suffira. Qu'importe d'où on vient, venir à Héméra, c'est toujours un long chemin, c'est au milieu de nulle part. Mais la vie est faite d'épreuves. Celle-ci est terminée cependant !

Je sais pas si tout le monde ici est de bonne volonté, mais ça, les directeurs sont plutôt ouverts d'esprit, c'est sûr ! Le fondateur de cette école a réussi ce que maintes personnes ont essayé d'accomplir, en vain car publiquement. Nombre de fois cet objectif s'est vu vicié et transformé par les mauvais esprits. Même mes enseignements les plus purs et simples se sont vus mal interprétés, avec le temps et les traductions, jusqu'à ce que les pires interprétations prennent le dessus."

Le loup-garou se retourna et invita Haroeris à le suivre.

"Vu ce que tu m'as dit, j'en conclus que t'es pas encore inscrit. Alors je vais te mener à la direction. Ça te va?"

Le jeune garçon, se montra chaleureux envers lui, sentiment qu'on ne lui avait plus témoigné depuis son départ d'Onou.

Koen Vanbegrafeniszondernemers, c'est ainsi qu'il se présenta, Koen murmura il comme pour encrer ce nom dans sa mémoire.

Mais la vie est faite d'épreuves. Celle-ci est terminée cependant !

Haroeris en doutait fortement, cependant c'était en effet une étape de franchie.
L'accepteraient ils avec un tel handicape...

Vu ce que tu m'as dit, j'en conclus que t'es pas encore inscrit. Alors je vais te mener à la direction. Ça te va?

Haroeris esquissa alors un sourire, oui en effet je ne suis pas inscrit ! Je te suis donc.

Alors qu'ils se déplacaient dans les couloirs de l'antique battisse, il se souvint alors de ce qu'il lui avait dit quelques minutes plus tôt.

Dis moi, tu me disais que tes enseignements les plus purs furent mal interprétés
De quels types d'enseignements s'agissaient ils ?

Serais tu donc professeur en cette école ?

Je suis curieux je l'avoues, tu n'est pas obligé de me répondre si tu n'y tiens pas.

Koen se demanda si le choix de ses mots était vraiment judicieux. Dans son ancienne vie il avait dû faire plus attention. Les mauvaises interprétations, à ce point, ne pouvaient qu'être le résultat d'un mauvais formatage du texte par les politiciens voulant manipuler la population, ainsi qu'à moultes erreurs de traduction

"Quand je disais purs, ça voulait dire : sans double interprétation possible. Il serait idiot de quantifier la pureté morale de mes enseignements."

Il ne faisait là que rectifier, et non répondre à l'interrogation.

"Il s'agissait d'enseignements philosophique, l'exemple d'un mode de vie à adopter, afin de vivre réellement ensemble."

La curiosité était bien normale, surtout lorsque comme à Héméra tout ou presque était nouveau.

"Je ne suis pas professeur non. Juste prophète. Je ne suis pas là pour enseigner. Mais je suis un loup-garou. Plutôt que de faire du mal sans le vouloir, je suis bien ici !"

Un escalier, un couloir. Les bureaux de la direction n'étaient guère éloignés de l'entrée. Simplement pratique, pour les visiteurs. Koen frappa. Les directeurs avaient changé entre son départ et son retour à Héméra. Il ne les connaissaient pas.